Changer de vie Un service dédié à la reconversion des agriculteurs
C’est une première en France : la Région Bourgogne-Franche-Comté a mis en place un dispositif gratuit pour accompagner les agriculteurs dans leur projet de reconversion professionnelle.
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Les appels ont commencé dès son lancement, en mai. Et déjà douze agriculteurs suivent le dispositif de reconversion professionnelle mis en place par la Région Bourgogne-Franche-Comté. C’est dire le besoin.
Du simple questionnement à la situation d’alerte
Baptisé Tournesol, ce service cible les agriculteurs qui s’interrogent sur leur avenir. Les situations peuvent aller du simple questionnement à la situation d’alerte. « L’agriculteur peut s’interroger sur la continuité de son métier pour des raisons économiques, psychologiques, familiales, ou tout simplement parce qu’il éprouve le besoin de changer de vie », explique Sophie Fonquernie, vice-présidente de la Région, en charge de l’agriculture, par ailleurs éleveuse laitière à Solemont, dans le Doubs. Pour l’élue, ce service est « la réponse à un manque. La profession était sans doute la seule à ne pas pouvoir s’appuyer sur un dispositif de reconversion professionnelle. »
Concrètement, l’organisme met à la disposition des exploitants un numéro de téléphone gratuit : 09 71 04 73 79. Une conseillère Fafsea/Ocapiat, spécialisée dans la formation et l’accompagnement des agriculteurs, les écoute, les informe sur leurs droits, construit avec eux un projet professionnel, elle peut aussi les orienter vers une formation. L’objectif est à la fois d’aider l’exploitant en réflexion à clarifier son choix et de sécuriser son changement de métier souhaité.
Des rendez-vous dans des lieux neutres
L’accompagnement n’est pas seulement téléphonique. Des rendez-vous physiques peuvent aussi être programmés : la conseillère propose un lieu de rendez-vous neutre (comme celui d’une collectivité), le plus près de l’habitation de l’agriculteur. « C’est dur d’avouer ses difficultés. C’est vécu comme un échec par l’agriculteur, mais aussi par sa famille, par ses collègues. La pression est forte. Un lieu neutre peut aider à s’exprimer. » Dans tous les cas, la conseillère assure un suivi régulier durant plusieurs mois, même quand l’agriculteur omet d’appeler.
« Ce n’est pas un dispositif visant à réduire le nombre d’agriculteurs dans notre région, note la productrice de lait. Il s’agit d’ouvrir les voies. » Bilan de compétences, audit d’exploitation, changement de production : l’accompagnement peut prendre différentes formes. « Dans certains cas, nous accompagnons aussi sur le volet de la transmission. Un changement de métier implique le plus souvent une ferme à céder. La conseillère aborde tous ces points, c’est un accompagnement global. »
Ce travail a été mené durant dix-huit mois en collaboration avec les organisations agricoles. C’est une première pour une Région. Depuis sa mise en œuvre en mai, douze personnes sont donc accompagnées. « Certaines présentent des difficultés économiques, une autre a une envie de se diversifier et d’aller vers la pluriactivité parce qu’il se sent seul. Notre objectif est de donner des perspectives, en mettant la personne au cœur de son projet », souligne Sophie Fonquernie. Alors que deux Français sur trois veulent changer de travail, « le changement de vie doit aussi être possible dans le monde agricole ».
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